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L'illusion de la puissance

 

Qu’est ce que la politique sinon la domination, la décision justifiée, la responsabilité du pouvoir et l’assomption de la hiérarchie ?

 

La bien attristante vie politique en 2024 avec la dissolution de l'Assemblée nationale démontre mieux que n’importe quel argument philosophique que le pouvoir politique est aussi assis sur un phantasme. Au sens qu’il est aussi porté par l’imagination. Il n’est pas toujours fondé sur des éléments réels malgré les apparences. Du jour au lendemain, on sent que la domination peut s’évanouir, nous laissant la sensation de vertige en héritage du vide laissé le silence public.




 

Assumer la domination pour l'ordre public


Chaque domaine de la vie des hommes s’articule autour d’une notion centrale. L’analyse économique s’articule autour de la notion d’intérêt. De même que l’approche sociologique met le sacré au cœur de ses théories. La science politique, elle, se structure autour de la notion de dominationMax Weber, dans son article « la sociologie de la domination » paru dans le recueil  Economie et société (1991), a proposé une définition qui ordonne la science du politique : « le pouvoir est un groupe de domination sur un territoire donné, s’appuyant sur une organisation administrative et pouvant recourir à la violence physique légitime ».


Aujourd’hui en France, le spectacle politique est dépourvu des fondements de cette définition : le potentiel de domination du pouvoir politique est remis en cause par le blocage parlementaire de l’action de l’exécutif. La séparation des pouvoirs est devenue empêchement du pouvoir. Si la science politique étudie le phénomène de domination, ses expressions et les moyens au travers desquels elle est exercée, elle est aujourd’hui bien incapable de prévoir l’avenir. 


La démocratie a besoin de pouvoir


Avec la dissolution de l’Assemblée nationale, nous avons l’impression d’une vacance. Cette vacance dénonce l’obsession et l’hypostasie du pouvoir qui de notre fait : nous avions érigé en réalité absolue ce qui ne peut exister que dans et par notre conscience. La politique qui démissionne nous montre en quoi elle est un fétiche car elle n’est plus légitime au sens wébérien. En démocratie, la faiblesse du pouvoir vient justement des contre-pouvoirs. De ce qu’elle peut être remise en cause. Il est désirable qu’un groupe assume la domination sur un autre pour que l’action publique ait un sens, une direction. Mais il faut qu’un jeu démocratique et participatif permette la délibération commune sur les enjeux politiques. C’est pourquoi l’état de grâce et l’échec politique sont tous deux contenus dans la démocratie.


Un jour on gagne, un jour on perd.


Ces oscillations sont déplorables, elles nous montrent le vide du pouvoir quand il a failli. Mais elles nous rappellent que sans démocratie, ce serait pire : les dictatures et les tyrannies, en se jouant du jeu démocratique, nous présentent l’état de grâce éternel du despote comme la substance de son pouvoir.


Au fond, dans le régime présidentiel qui est le nôtre, il est compréhensible que le Parlement – qui vote les lois – ait affaibli le Président. Car sans la loi, le président est impuissant. Comme nous le rappelle Montesquieu dans De l’Esprit des lois où il sacralise le travail du législateur : « Il est parfois nécessaire de changer certaines lois, mais le cas est rare, et lorsqu'il arrive, il ne faut y toucher que d'une main tremblante. » « Une chose n'est pas juste parce qu'elle est loi ; mais elle doit être loi parce qu'elle est juste ».



Retrouvez ici l'article de l'interview de Karim Bouhassoun La ira de «Les Misérables» en Francia: «Esta vez fue Nahel, la próxima puede ser mi familia» paru dans le journal espagnol La Razon au sujet des évènements violents qui ont suivi la mort de Nahel en 2023.

 
 
 

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