Apprendre et comprendre

Connaître, c'est humain !

Tout le monde désire les connaissances. C’est un penchant naturel chez l’Homme, ce que nous rappelle Aristote qui nous dit dans son ouvrage Métaphysique, je cite ; « Tous les hommes ont par nature le désir de connaître. »

Apprendre et comprendre, ce sont deux capacités centrales dans les processus d’éducation et d’instruction. L’« apprentissage » vient du latin « apprehendere. » La racine a donné le terme appréhension, qui signifie comprendre et saisir, au sens figuré comme au sens propre. Apprendre, c’est prendre possession de la connaissance, la faire sienne.

Mais il y a un minimum d’efforts à fournir pour apprendre. L’apprentissage c’est engager son propre esprit dans un travail pour acquérir des connaissances. L’apprentissage « par cœur » est une discipline de la mémoire qui est utile pour acquérir une autonomie. Par exemple dans le calcul mathématique avec les tables d’addition ou de multiplication. L’effort de mémorisation est moins couteux que le calcul mental systématique.

Gérer ses efforts

Mais tout apprendre par cœur est inutile et contre productif. C’est le cas pour certaines sciences comme la philosophie. Il s’agit plutôt de s’accoutumer au raisonnement philosophique. De solliciter les idées qu’on a appréhendées par le passé en fonction du thème que l’on veut traiter. Il faut, en somme, apprendre à philosopher plutôt qu’apprendre la philosophie. Il en est de même dans les arts. Si tous les artistes avaient le même œil, peignaient de la même façon, les musées seraient bien tristes. La discipline dans les arts oratoires a aussi ses limites et la créativité est incontournable. Un discours appris par cœur, cela peut être rassurant. Mais face à un public, rien ne vaut la présence chaleureuse d’un regard perçant dévoilant la spontanéité de paroles sincères. En somme, savoir nager, c’est différent de comprendre comment nager.

On a toujours besoin d'un maître

Apprendre oui, mais avec qui ? Apprendre c’est saisir, mais c’est aussi « prendre avec. » Car apprendre, cela nécessite de comprendre, du latin « compre(he)ndere. » Un mot latin composé de cum – « avec », et prehendere – qui signifie prendre, saisir. Littéralement, comprendre c’est « saisir ensemble, embrasser quelque chose, entourer quelque chose » par la pensée. On n’apprend pas tout seul. On a besoin d’un enseignant, d’un professeur, d’un maître. L’apprentissage c’est donc aussi la vie en société. C’est considérer le maître comme un semblable qui mérite notre respect.

L’apprentissage fournit le plus beau cadeau de la vie, celui de l’autonomie. Celui de pouvoir mobiliser son esprit pour réagir de manière adaptée à une situation. Apprendre permet de s’instruire soi-même. La lecture permet d’accéder aux livres. L’apprentissage d’un métier doit permettre de trouver sa place dans le monde adulte.

Comprendre et apprendre sont un couple inséparable, c’est comme pour la marche, ils ont besoin d’être deux pour avancer. In fine, c’est notre esprit qui grandit. Il peut se questionner sur des sujets de plus en plus fondamentaux. Comme ceux qui ont occupé les premiers philosophes présocratiques déjà au 7^e siècle avant J.-C. Thalès, Pythagore, Parménide… Ne se satisfaisant pas des mythes, ils ont souhaité des réponses rationnelles à la question l’origine de l’univers, à fonctionnement du monde et des sociétés humaines, aux limites de la pensée humaine. C’est ainsi que l’enfant qui a suivi les apprentissages et qui a compris est équipé pour la philosophie en mettant en œuvre, comme le disait le philosophe allemand Hegel « le courage de la vérité et la foi en la puissance de l’esprit. »

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