Vive la banlieue
- Karim Bouhassoun
- 2 déc. 2021
- 2 min de lecture
Les banlieues mettent en péril la République car elles sont le tombeau de nos principes. L’écart entre ce qui est théoriquement acquis mais qui semble pratiquement impossible nourrit la frustration. Cette frustration qui nourrit le populisme et la défiance envers la France.
Chômage de masse, oisiveté, pauvreté, exclusion, délabrement urbain, stigmatisation, insécurité… Pourtant, il est écrit dans notre Constitution que la France est une « République sociale. » Il est urgent de solder cette contradiction !
5 millions de personnes vivent dans les zones urbaines sensibles, dont 1,3 millions rien qu'en Ile-de-France, avec un taux de pauvreté 3 fois plus élevé que la moyenne nationale, un mineur sur deux qui vit sous le seuil de pauvreté, un taux de chômage des jeunes actifs de 45% contre 23% en moyenne nationale, etc...
Tout le monde semble indifférent à la banlieue
T. Or, selon la manière dont la banlieue trouvera sa place ou non dans les enjeux de la Nation, elle sera ou bien un problème pour notre communauté de destin ou bien une solution pour réenchanter les principes de la République.
Car la banlieue est comme une société parallèle dans un pays riche. Comme si elle était laissée en marge de l’Histoire. Le drame est que l’opinion finit par l’accepter comme une fatalité. Un modèle urbain, économique et social que des membranes visibles et invisibles condamnent indéfiniment au confinement et à la stagnation

La politique est la seule voie pour en finir avec les quartiers difficiles
Car la banlieue est l’angle mort de la République. Personne ne la voit, ni ne la représente officiellement pour défendre ses intérêts en tant que territoire spécial. Elle ne sait pas monnayer son poids politique et par conséquent la situation s’enlise. En revanche, tout le monde sait la montrer du doigt.
Il faut commencer par considérer la banlieue comme un gisement. C’est une opportunité pour la France. Avec la règle des « trois cinq », on peut changer d’échelle d’action. Le « ministère du développement des banlieues » que je défends dans l’un de mes essais est une solution à un état d’urgence qui dure. Je le rappelle ici à nouveau : la solution est politique avant d’être technique. Il faut changer de regard pour inverser les clichés et désamorcer la bombe à retardement sociale que nos banlieues représentent. Les solutions proposées dans le manifeste Que veut la banlieue ? s’appliquent aussi à nos campagnes.
La situation semble simple mais elle est pourtant complexe. Si l’on sait dépasser les tabous politiques et les jeux électoraux, nous avons là un sujet salutaire pour notre passion de l’égalité et pour redorer l’image de notre démocratie, montrer l’exemple, encore une fois, au monde.
Nous n’en sommes pas même encore au début d’une prise de conscience qui est un long chemin de croix. Je veux y participer humblement mais constamment.
Retrouvez ici l’article « Vivre ensemble. La banlieue ? Attention à ne pas généraliser. » paru dans le quotidien Ouest France, suite à une conférence donnée à Rennes par Karim Bouhassoun, le militant et champion du monde Lilian Thuram, Raphaële Bacqué grand reporter au monde et le sociologue Thomas Kirszbaum
Comments