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Philosophie et citoyenneté

Comment la philosophie peut et doit-elle se positionner vis-à-vis de la politique ? Voici, au fond, en une seule phrase, le questionnement central de l’ouvrage « Soyons philosophes. »


La morale et la vertu au-dessus de tout


La thèse principale est que l’engagement politique et l’action publique doivent s’alimenter d’une conception assez poussée du monde, de l’espace et du temps afin de reposer sur un projet moral au sens large. « Ce que vous ensevelissez, ce ne sera que mon corps » est-il écrit dans le Phédon de Platon qui fait le récit de la mort de son maître Socrate et qui rapporte ses dernières paroles. Le récit d’un sacrifice. Un sacrifice retranscrit dans ces dialogues du philosophe Platon qui nous sont parvenus de l’Antiquité, et spécialement ceux qui mettent en scène Socrate. Ils nous enseignent de manière allégorique que la vérité et la vertu sont supérieures en valeur à la vie qui peut choisir d’abdiquer devant l’injustice. L’esprit et le corps se séparent, symbole d’une cohabitation devenue impossible entre la biologie et la morale. Suicide social qui précède la condamnation à la peine capitale, le sort de Platon est donc le symbole d’une forme rare de sacrifice. Celui du choix de se mettre à l’écart plutôt que de se compromettre. Celui du choix de mourir plutôt que de rester vivant dans un système politique dont les valeurs sont viciées.


Des idées libres dans un monde libre


Ces dialogues nous révèlent aussi en quoi la politique peut se perdre dans les tréfonds de l’injustice, soit en se compromettant, soit en allant jusqu’à condamner à la peine capitale un homme dont le seul crime était de défendre des « idées ». Des idées libres dans un monde libre, celui que le régime démocratique d’Athènes était censé garantir. Une Athènes de la Grèce classique dont l’imagerie rêvée peut bien être ternie par cet épisode tragique fondateur d’une grande partie de la pensée politique contemporaine. Une Athènes qui se distinguait de Sparte justement par son épanouissement culturel et intellectuel. Mais c’est en réalité un environnement politique toxique qui a fini par contribuer à ôter la vie à celui que Platon ne craignait pas de proclamer « l’homme le plus juste de son temps. » Entre son procès et son emprisonnement et le jour où on lui apporte dans sa cellule d’une prison d’Athènes la coupe de ciguë, poison mortel en récompense de son impiété, Socrate a légué à l’humanité un célèbre symbole de résistance au « système ». Cet espace politique devenu hostile à toute forme d’offense et qui avait envahi Athènes après la guerre du Péloponnèse. Personnage idéalisé, mythe, ou philosophe, peu importe.


La recherche de la sagesse


Ce que nous devons retenir comme leçon, c’est que Socrate a donné sa vie en traçant la limite entre philosophie et une forme de compromission de la politique. Il a inscrit dans le marbre de l’Histoire que la recherche et l’application de la vertu seront toujours supérieures à la résignation face au rapport de force politique. La recherche de la sagesse pour ce qu’elle est a ceci d’impérieux qu’elle dévoile au grand jour les vices de la politique. Au fond, cet épisode dramatique fournit un miroir déformant de la filiation intrinsèque de la philosophie et de la politique.




Retrouvez les publications Karim Bouhassoun sur le site factuel.info notamment ses tribunes


 
 
 

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