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De l' « Open space » à la frontière

Dernière mise à jour : 13 sept. 2022

Le monde est devenu fou. Les échanges se globalisent, comme les crises, mais nous créons des barrières artificielles dans nos élans de folie. Ne cherchons pas trop loin nos exemples pour nous en convaincre. Regardons d’abord ce qui se passe en Europe, sous notre nez. On pourrait s’y rendre à vélo depuis Paris ou Lyon : 137 kilomètres de barbelés s’étalent entre la Slovénie et la Croatie, tous deux pays de l’Union européenne ! La Hongrie se barricade contre le « péril » des migrants, au cœur de notre Europe, avec 114 kilomètres de barbelés qui la séparent de la Croatie, et 175 autres kilomètres de barrières qui l’isolent de la Serbie voisine. Au Levant, en Terre Sainte, on construit des murs dans le désert. Ce sont 438 kilomètres de barrières érigées par l’État d’Israël pour isoler la Cisjordanie dans le cadre d’un projet total de 683 kilomètres. Ce qui équivaut à la distance entre Paris et Toulouse. Des murs hauts de plusieurs mètres, surveillés par les dernières technologies et flanqués de miradors et de tours de guet qui épient tous les mouvements. Oui, parfois en plein désert.


C’est sans compter les 242 kilomètres entre Israël et l’Égypte dans le Sinaï, les 79 kilomètres de « ligne bleue » entre Israël et le Liban au Nord ou bien les 51 kilomètres de murs et de barrières entre Israël et Gaza. Quel destin pour ces espaces ? Entre les États-Unis et le Mexique, la crise constructrice bat son plein avec un mur de 3 200 kilomètres au total dans les déserts arides d’Amérique du Nord. L’ancien Président américain Donald Trump n’a pas désarmé avec son projet de mur entre les États-Unis et le Mexique.


Qu’il a déclaré au cours de son mandat vouloir faire financer en retrouvant le pactole amassé par le narcotrafiquant Joaquin « El Chapo » Guzman, estimé à 12 milliards de dollars. En Asie, entre l’Iran et le Pakistan, un mur de 700 kilomètres de trois mètres de hauteur et d’un mètre de largeur court sur toute la frontière entre les deux pays. Entre l’Inde et le Bangladesh, ce n’est pas franchement l’idylle. Oui, vu du ciel, ces espaces montagneux et irrigués par de grands fleuves sont merveilleux. Mais entre 1989 et 2015, 3200 kilomètres de barbelés ont été déployés pour séparer les Hommes et lutter contre la contrebande et l’immigration. C’est la distance entre Lisbonne, au Portugal, et Cracovie, en Pologne. 200 kilomètres supplémentaires sont prévus d’ici peu. Ces barrières sont-elles des aberrations ? En tous cas, ce sont des projets politiques. Elles seront certainement balayées par le vent de l’Histoire, mais aujourd’hui elles sont pourtant bien là.


La mondialisation sous la plume de certains, c’était et ce sera l’abolition des frontières. Le consommateur et le producteur ont la possibilité d’obtenir un service, un produit, un savoir-faire, ou des investissements en provenance de n’importe quel lieu où qu’ils se trouvent dans la planète. Utopie de l’allocation optimale des ressources universelle chère à certains. Mais c’est sans compter la folie des hommes. Cette contradiction qui veut que les frontières tombent progressivement mais que soit instauré un contrôle toujours plus abouti des flux. Cette folie qui nous amène dans nos élans schizophréniques à dédoubler les frontières administratives ou politiques déjà existantes de barrières matérielles artificielles. Autour du monde, ce ne sont pas moins de 40 000 kilomètres de barrières qui s’opposent à la liberté d’échanger ou de circuler. Nous sommes à l’ère de la mondialisation des clôtures. La folie constructrice s’est en effet emparée de certains régimes et les entraîne à séparer les populations les unes des autres.


L'enclos européen


Ne cherchons pas trop loin nos exemples. Regardons d’abord ce qui se passe en Europe, sous notre nez. On pourrait s’y rendre à vélo depuis Paris ou Lyon : 137 kilomètres de barbelés s’étalent entre la Slovénie et la Croatie, tous deux pays de l’Union européenne ! La Hongrie se barricade contre le « péril » des migrants, au cœur de notre Europe, avec 114 kilomètres de barbelés qui la séparent de la Croatie, et 175 autres kilomètres de barrières qui l’isolent de la Serbie voisine. Au Levant, en Terre Sainte, on construit des murs dans le désert. Ce sont 438 kilomètres de barrières érigées par l’État d’Israël pour isoler la Cisjordanie dans le cadre d’un projet total de 683 kilomètres. Ce qui équivaut à la distance entre Paris et Toulouse. Des murs hauts de plusieurs mètres, surveillés par les dernières technologies et flanqués de miradors et de tours de guet qui épient tous les mouvements. Oui, parfois en plein désert. C’est sans compter les 242 kilomètres entre Israël et l’Egypte dans le Sinaï, les 228 79 kilomètres de « ligne bleue » entre Israël et le Liban au Nord ou bien les 51 kilomètres de murs et de barrières entre Israël et Gaza. Quel destin pour ces espaces ? Entre les États-Unis et le Mexique, la crise constructrice bat son plein avec un mur de 3 200 kilomètres au total dans les déserts arides d’Amérique du Nord. L’ancien Président américain Donald Trump n’a pas désarmé avec son projet de mur entre les États-Unis et le Mexique. Qu’il a déclaré au cours de son mandat vouloir faire financer en retrouvant le pactole amassé par le narcotrafiquant Joaquin « El Chapo » Guzman, estimé à 12 milliards de dollars. En Asie, entre l’Iran et le Pakistan, un mur de 700 kilomètres de trois mètres de hauteur et d’un mètre de largeur court sur toute la frontière entre les deux pays. Entre l’Inde et le Bengladesh, ce n’est pas franchement l’idylle. Oui, vu du ciel, ces espaces montagneux et irrigués par de grands fleuves sont merveilleux. Mais entre 1989 et 2015, 3200 kilomètres de barbelés ont été déployés pour séparer les Hommes et lutter contre la contrebande et l’immigration. C’est la distance entre Lisbonne, au Portugal, et Cracovie, en Pologne. 200 kilomètres supplémentaires sont prévus d’ici peu. Ces barrières sont-elles des aberrations ? En tous cas, ce sont des projets politiques. Elles seront certainement balayées par le vent de l’Histoire, mais aujourd’hui elles sont pourtant bien là.


L'angoisse de la périphérie


Aujourd’hui, elles démontrent que des espaces entiers du monde ne peuvent épouser le modèle de l’intégration européenne d’un marché unique ouvert à la libre circulation de ses membres, des produits et des services. La frontière et le fait territorial, la prédation des espaces et la symbolique du territoire national restent des facteurs fortement belligènes. La mondialisation n’a pas effacé l’angoisse de la périphérie. Le centre veut toujours garder le contrôle et il n’y aura pas d’interstices laissés au hasard des pérégrinations des habitants du village mondial. La frustration de milliards de Terriens face à l’inertie de l’espace – frontières naturelles ou artificielles, relations villecampagne, limites politiques – est accentuée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication qui promettent l’instantané et la proximité. Chaque être humain doté d’un téléphone portable a aujourd’hui accès à plus d’information sur son smartphone qu’un président des États-Unis qui exerçait ses responsabilités au 20e siècle… L’enfermement qui rompt le dialogue, l’échange et la confrontation à l’autre stérilisent le développement humain. Alors que les plus grands mouvements de population au monde sont des mouvements contraints de populations réfugiée, il est difficile de dire que ces migrations les libèrent. C’est comme un cercle vicieux. Tout nous incite à ouvrir les sociétés les unes aux autres, mais des centaines de millions de personnes sont enfermées.



Retrouvez les développements sur l'espace-monde par Karim Bouhassoun dans le dernier essai "Soyons philosophes. Pensez la politique du 21e siècle" paru chez L'Harmattan (Paris, 2021).

 
 
 

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