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De quelles villes voulons nous ?

Dernière mise à jour : 3 juil. 2023

Centre et périphérie, un renoncement français


La périphérie, cela peut évoquer la tranquillité, la distance saine vis-à-vis du bouillonnement du centre. Mais la périphérie c’est aussi, nous l’avons vu, la relégation et l’assignation à résidence. L’incapacité à lutter contre les forces centrifuges parfois.


Cette contradiction vient de la gestion de l’espace et de politiques urbaines contradictoires. La grande histoire urbaine française est en effet passée d’un modèle où elle inspirait le monde par ses réussites à un modèle où la fonction de relégation urbaine s’est inscrite durablement dans l’espace et a fini par constituer des territoires qui sont des « repoussoirs » sociaux. En effet, qui a fait la grandeur de notre Histoire de l’aménagement urbain en France, ce sont par exemple nos vestiges antiques, c’est la France des 36 000 clochers, la France de Versailles qui a inspiré le palais de Peterhof à Saint-Pétersbourg, la France des faubourgs au-delà des murs d’enceinte intégrés à la capitale en cohérence avec une vision urbaine. C’est aussi la France du Grand Palais, la France d’Haussmann, de ses percées et de ses boulevards urbains, de sa vision de la cité moderne. Tout cela semble bien n’avoir aucun lien avec ce qui s’est mis en place à partir des années 1950, pour faire face à de nouvelles réalités démographiques, à savoir la logique de « grands ensembles ».



Figer le renoncement dans la pierre


Ils sont l’expression minérale, pétrifiée, d’un renoncement à la cohésion urbaine. Des « cités » qui criblent une banlieue qui est devenue malgré elle et par manque de vision une des premières réalités socioéconomiques et territoriales de France. De 1945 à 1970, la superficie urbaine en France double en passant de 7,7 à 15% du territoire. Entre 1968 et 1975, 75% de cette croissance s’est effectuée dans les banlieues. Si bien qu’en 2000, 50% de la population totale réside dans les banlieues. Aujourd’hui, au total, le fait urbain, c’est que 75,5% de la population est répartie sur 18,4% du territoire métropolitain.

En 1975, les « cités » étaient encore « interclassistes », des lieux de mixité. Mais aujourd’hui, nous vivons les conséquences d’une homogénéisation qui s’est accomplie « par le bas ». Car la sortie des catégories socioprofessionnelles a été inégale. Les cadres, géographiquement plus mobiles et les employés sont sortis « par le haut ». Le niveau et la stabilité des revenus dont ils pouvaient profiter leur ont permis d’épargner et de se projeter pour remporter la bataille de l’espace. Pour s’installer dans des espaces urbains, voire périurbains, moins inertes et marqués. Des espaces qui leurs ont été plus facilement accessibles qu’aux catégories les plus pauvres, contraintes d’accepter les logements sociaux aux loyers les plus bas, dans le parc le plus ancien, le plus vétuste et le plus enclavé. Finalement, ces flux et ces permanences ont entraîné un phénomène de concentration des catégories de population les moins aisées et des immigrés dans des espaces précisément délimités dans la couronne périphérique des grandes villes. A l’origine, 15% des logements des « grands ensembles » étaient réservés aux populations immigrées. Aujourd’hui, dans une cité comme celle de Vaulx-en-Velin, qui a vu disparaître la catégorie formée par les cadres dans les années 1970, il y a 35% d’habitants issus de l’immigration. Ils y représentaient, conformément aux enjeux de peuplement désormais révolus, 15% dans les années 1970.



Une séparation ethnique de fait


Aujourd’hui, en banlieue, un enfant sur deux est fils de migrant. Le phénomène de relogement par lequel des populations immigrées sont forcées de quitter les milieux urbains pour la périphérie, et c’est une évidence, aggrave le phénomène de concentration de la pauvreté et l’exclusion. Associé à une concentration de population immigrée, la territorialisation sociale de droit devient ethnique de fait. Tous ceux qui l’observent le constatent, mais la dialectique des chiffres illustre bien le réel. Les phénomènes de migrations intra-urbaines de catégories de population et la recomposition sociale qui se jouent dans l’espace extra-citadin prennent donc la forme d’une ghettoïsation raciale similaire à celle des Etats-Unis. Car nous ne sommes pas seuls face à ces contradictions. En Amérique, elle est une évidence historique. Au Royaume-Uni, la ségrégation sociale est moins spatiale et plus cynique.


Cette concentration de populations issues de l’immigration dans les « grands ensembles » des couronnes des grandes villes pose donc à la France la question d’un modèle d’intégration en faillite pour les vagues d’immigrants non européens, en particulier les Africains, qui sont pour une grande partie locataires de logements sociaux et exercent des emplois peu qualifiés, s’ils ne sont pas sans emploi. Même s’il existe des exemples et des anecdotes, voire des réalités locales qui peuvent paraître être des exceptions à la règle. Dans la ville de Marseille par exemple, l’identité principale est l’identité « marseillaise. » Les grands ensembles y sont perçus comme faisant partie de l’espace citadin même s’ils sont aussi considérés comme des îlots.


Au-delà de certaines exceptions, les fractures urbaines sont des fractures sociales bien réelles. En voici quelques chiffres illustrateurs, qui comparent les moyennes nationales aux moyennes du département de la Seine-Saint-Denis. Les bacheliers par génération sont 61,8% en moyenne nationale contre 55,3% en Seine-Saint-Denis. Les 15 ans et plus sans diplôme 17% contre 21%. Le taux de chômage des 15-24 ans est de 18,6% contre 28,8%. Le taux de propriétaires de logements de 55% contre 39,5% et le logement en immeubles collectifs de 41% contre 73%. La banlieue est l’incarnation des pires échecs de la pensée de la périphérie. C’est une zone de détérioration au sens d’Ernest Burgess (1886-1966), le sociologue urbain canadienne qui a contribué à fonder l’Ecole de Chicago.


Un territoire de frustration


C’est un territoire de frustrations et ces frustrations sont communicatives. Une famille sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Et la pauvreté s’auto-entretient : échec scolaire, économie informelle, sentiment d’assignation à résidence, chômage… On dit souvent qu’un jeune sur quatre est au chômage. N’ayons pas peur de la réalité, il y a des quartiers où les classes d’âge les plus jeunes, si on raisonne en ilots urbains, sont à 50% voire 60% au chômage, même si les jeunes femmes sont moins touchées. Quelle seront les conséquences à court et moyen terme de cette situation ? On entre en territoire inconnu. Les enfants d’immigrés cumulent les indicateurs d’exclusion et l’héritage de leur échec scolaire massif. Le système éducatif français « amplifie les inégalités sociales » selon les conclusions du rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire paru pour la rentrée scolaire de 2016. Le rapport n’hésite pas à parler de « discriminations négatives » à l’encontre des enfants d’immigrés. Résultat : plus d’un tiers n’a aucun diplôme, et ils sont relégués dans des quartiers fuis par d’autres. Ces personnes, ces centaines de milliers de Français, sont bel et bien ghettoïsés. Être « assigné à résidence », traité comme un étranger indésirable, alors qu’on est censé avoir les mêmes droits que les autres, c’est particulièrement indigeste. Être discriminé et ne pas se sentir aussi bien loti que la majorité des personnes de la société d’accueil, cela s’appelle vivre dans un ghetto. Il y a un véritable « apartheid » en France. C’est un fait social majeur, scientifiquement établi, c’est une bombe à retardement.


Après des décennies d’un phénomène lent mais certain d’exclusion de 8 millions de personnes des centres et de réclusion de leurs espoirs dans des espaces déterminés socialement, il est temps de réorienter les politiques de l’espace vers la création de passerelles entre des territoires contigus parfois mais antagonistes bien souvent. J’ai consigné une partie des propositions en ce sens dans un précédent essai.[1] Les actions sur l’espace en la matière doivent s’appuyer sur la capacité des gouvernants à créer des brèches dans les parois qui cloisonnent les villes en compartiments étanches.



Créer des brèches dans la ville


La perte de contact des territoires urbains périphériques avec le centre, c’est d’abord un enjeu politique car la démocratie y est morte. En Seine-Saint-Denis, le taux d’abstention au premier tour des élections législatives de 2017 a atteint un sommet avec 67,3%. A l’image des équilibres écologiques, la démocratie est un lent processus, très inerte dans sa progression, mais vif et soudain dans son repli. La réimplanter prendra des décennies. Les classes populaires et les plus jeunes se désengagent massivement et sont dégoûtés de la politique, voire indifférents, ce qui est bien plus grave à mon sens.


Pour y remédier, il faut d’abord constater que la notion de droit n’est pas audible quand les problèmes sociaux sont écrasants. Les principes fondamentaux de la République invoqués par les tribunaux administratifs ne changent pas la vie des gens en banlieue. Ni dans les campagnes d’ailleurs. Des grands principes qui se vident de leur sens à mesure qu’ils ne sont de moins en moins opposables à un système qui exclut les plus faibles. Où est passé « l’esprit des lois » ? Platon affirmait que les textes à eux seuls ne peuvent transmettre une idée de manière univoque. Ils doivent être interprétés, débattus. Il est donc nécessaire à présent de porter le débat oral là où les textes s’arrêtent. En faisant participer les personnes les plus exclues de la politique au débat public par le biais de mesures correctives. En créant de nouveaux forums citoyens associés aux travaux des assemblées délibératives des collectivités. Pour Platon, seule l’explication orale permet de se faire correctement comprendre. La philosophie comme logos, qui manie le langage comme instrument de la raison, peut éclairer la politique. Une philosophie qui ne s’apprend pas dans les livres mais qui se pratique. Elle ne vient pas d’en haut. Elle nécessite un travail mais surtout un dialogue. L’égalité, la fraternité, la liberté de pensée, ce ne sont pas des leçons d’instituteurs que les « petits » doivent attendre de l’élite. Il y a des couches infinies d’interprétation de tous les principes républicains, comme nous l’avons vu pour la laïcité. Ce que Derrida nomme le « logocentrisme », c’est la fin de la politique. Un jargon qui se suffit à lui-même et qui ne parle que d’une seule voix. Alors que les notions juridiques ne sont pas arrêtées, il y en aura toujours autant que de lecteurs même si la juridiction est conçue pour trancher in fine. Ces notions doivent être discutées pour être validées par ceux auxquels elles s’appliquent sous peine de rejet. Ce dialogue, cette « faille » philosophique et ce devoir de vérité sur la relation entre la France du centre et celle des marges et les apories du droit pour rétablir l’égalité, c’est la priorité des priorités.


Inventer des failles urbaines


De nouvelles « failles » urbaines doivent être inventées pour réintroduire de la circulation. Car c’est la planification urbaine qui peut résoudre la désorganisation sociale des aires métropolitaines et créer des fissures dans les parois qui séparent des espaces qui se côtoient sans dialoguer. Circulation des personnes bien sûr avec les mobilités. Circulation des idées avec la déconcentration des centres universitaires, de recherche et d’innovation. Circulation des élites aussi avec la nécessité de faire toute leur place à tous les talents par des dispositifs et des méthodes nouvelles de formation, de repérage et de recrutement dans la fonction publique et dans les entreprises. Mais aussi pour que les élites des centres prennent la pleine conscience de ce qu’est une vie en banlieue et dans les territoires ruraux enclavés et en perte de vitesse. La ville est loin d’être homogène et ses zones concentriques conceptualisées par Ernest Burgess et Robert Park peuvent avoir des fonctions[2] complémentaires. Les cercles concentriques témoignent d’une hiérarchisation dynamique de catégories de population. Mais les fonctions vicieuses doivent faire place nette. Les recompositions sociales permises par des zones de transition peuvent constituer le terreau de nouvelles cultures permettant la coexistence de populations entre elles.


Redonner confiance


Mais ces populations doivent pouvoir sans discrimination fuir ces bas-quartiers vers des zones résidentielles en s’appropriant la culture commune, quel que soit leur capital social. L’exemple type de la culture qui a émergé dans les couches prolétaires et qui entretient une fonction pernicieuse des espaces intermédiaires que sont nos banlieues, c’est celle de la délinquance et du crime organisé. Car ces sous-cultures qui se constituent dans les zones périphériques comme l’a analysé le sociologue américain Albert Cohen[3] ont une fonction cachée qui dépasse les causes de leur émergence. Une sous-culture se constitue notamment par le fait que, dans certaines situations, des groupes n’arrivent plus à faire apprécier leurs performances, leurs actions, leurs projections et leur idéal de vie par rapport aux valeurs instituées. Mais au-delà, elles peuvent accélérer les processus de réclusion et le repli.


Redonner confiance en soi à chacun et reconnaître à tous un rôle dans la marche du pays c’est élargir l’horizon de représentations de la culture dominante. Car les phénomènes que nous venons de décrire ont un moteur psychologique puissant comme l’a démontré le philosophe et sociologue allemand Georg Simmel (1858-1918), référence importante pour l’Ecole de Chicago. Dans un article intitulé « Métropoles et mentalités » (1903), il a présenté les résultats d’une étude sur les effets de la diversité urbaine sur le développement de l’individu. La ville et ses espaces sont le lieu de la composition et de l’émergence, pour l’individu, d’une identité nouvelle, une « identité de repli ». Les individus frustrés par le cadre urbain et contraints dans leur individualité adoptent une « attitude blasée » face à des stimulations trop nombreuses et excessives. Dans un autre ouvrage, Sociologie et épistémologie, il explique que « la faculté de l’homme de se diviser lui-même en parties et de ressentir une quelconque partie de lui-même comme constituant son véritable Moi (…) entre en conflit avec d’autres parties et lutte pour la détermination de son activité[4]. » Avec cette approche socio-psychologique de Simmel, nous pouvons décrypter un des caractères de l’influence de la ville sur la psychologie collective. Partant d’un individu, un sujet, qui peut s’affirmer en dehors des appartenances traditionnelles en raison de son autonomie et de sa singularité, pour finalement se fondre dans une sous-culture contestataire.


Inclure les banlieues dans le modèle commun



Rencontrant des problèmes d’adaptation à la vie sociale, ces membres d’une sous-culture cherchent à adopter une solution qui leur semble efficace, celle de « nouveaux standards » ou d’ « innovations ». Mais cette solution dévie souvent du modèle commun. Contreculture urbaine stigmatisante socialement, repli culturel ou religieux, rejet des symboles de l’autorité centrale ne sont pas comme on pourrait le croire des totems brandis par une défiance primaire, mais ils sont bien souvent l’expression d’une forteresse bâtie sur les ruines d’une inclusion avortée dans les valeurs instituées. Dans certains milieux, les nouveaux standards du groupe deviennent des éléments de la sous-culture de la délinquance juvénile. La perpétuation de cette sous-culture se fait par un système de valeurs au terme duquel chaque individu qui compose une collectivité se voit assigner une place, une position dans la hiérarchie sociale. C’est ce qui permet de faire respecter à chacun sa position par rapport aux autres. Lieu de création de repères pour les individus qui les composent, par rapport à la culture dominante, ces territoires endogènes de liberté culturelle deviennent le prétexte de leur propre stigmatisation. La délinquance juvénile, malintentionnée, non utilitaire et négative, produit alors les propres remous qui l’écartent du centre en produisant les arguments de son rejet. Elle touche plus les garçons que les filles, se développe dans les milieux prolétaires et se perpétue.


La culture comme "faille"


La notion de culture comme « faille » pour déchirer les membranes qui isolent les banlieues des centres est donc fondamentale. Elle peut réduire la place des sous-cultures pour permettre de réintroduire les cultures du centre là où elles ont déserté. Progressivement, les codes du centre retrouveront leur place dans les quartiers intermédiaires. Ces codes pourront réconcilier les périphéries avec le désir d’ascension sociale et d’assimilation à la culture dominante, et effacer les traces de cordons néfastes au dialogue qui façonnent des territoires de repli. Alors, comment procéder ? il s’agit de tout un programme national, d’une déclinaison à porter par des spécialistes. Mais une chose est sure : la balle est dans le camp de la culture dominante et jeter de l’huile sur le feu de la stigmatisation assurera au mieux le statu quo, au pire un séparatisme qui prendra plus d’ampleur dans l’espace.


Toujours est-il qu’aujourd’hui, en France, les parcours de mobilité géographique et sociale ne sont pas affranchis de l’origine ethnique. Une étude intitulée « Trajectoires et origines », parue en 2015, le démontre. Fruit d’un long et patient travail universitaire et statistique d’une équipe de chercheurs de l’INED[5] et de l’INSEE[6], passée malheureusement quasiment inaperçue, elle a prouvé scientifiquement ce dont nous avons tous l’intuition : on embauche moins, beaucoup moins, les enfants d’Algériens, de Tunisiens, de Turcs, de Sénégalais, etc… Et cela à compétence égale ! Les discriminations à l’embauche des enfants d’immigrés sont un mal qui ronge notre économie et notre cohésion sociale tout à la fois. Cette étude réfute purement et simplement le repli communautaire de la deuxième génération d’immigrés. Ils sont Français. Ils ont réussi leurs parcours primaire, secondaire, ont fait des études supérieures. Ont cru à la valeur du mérite. Mais le mal est là : même s’ils obtiennent des diplômes, les enfants d’immigrés subissent plus le chômage que la population majoritaire. C’est l’aberration socioéconomique de notre temps.

La réaction à leur propre exclusion de la société par ces populations discriminées conduit à l’anéantissement par elles-mêmes de leur propre statut. Cette réponse collective exacerbe les ruptures symboliques et culturelles que nous avons décrites plus haut car l’effet d’entraînement des « brèches » spatiales et sociales que ces populations auraient pu incarner sont réduites à néant. Cette aporie conforte la relation directe entre lieu de vie, classe sociale et qualité de vie. Et donc le statu quo. Encore une fois, il revient au centre d’agir, à la culture dominante, au pouvoir central. Un centre qui peut se définir autrement que par la désignation, l’assignation, et dépasser la simple captation du pouvoir économique, politique et symbolique en soi et pour soi. Un centre qui doit considérer la responsabilité de la diffusion de la culture dominante sur tous les territoires comme moteur d’égalité. Une égalité dynamique qui a besoin de « failles » nouvelles pour que les fonctions des sphères de la ville soient orientées vers une société plus égalitaire.



[1]Bouhassoun (Karim), Que veut la banlieue ? Manifeste pour en finir avec une injustice française, L’Harmattan, Paris, 2017. [2] Burgess, Ernest W., Park, Robert E., et McKenzie Roderick D., The City. University of Chicago Press. [3] Cohen, Albert K., Delinquent Boys: The Culture of the Gang, MacMillan USA, 1971. [4] Simmel, Georg, Sociologie et épistémologie, Paris, PUF, 1991. [5] Institut national des études démographiques. [6] Institut national de la statistique et des études économiques.

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