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Combattre les discriminations

La discrimination à l’embauche est un fléau


Un fléau difficile à contourner La discrimination à l’embauche est un fléau. Le réseau serait sensé pouvoir contourner ces biais. Mais pour commencer, pour beaucoup de Français, le mot réseau n’a pas de signification. On utilise ce terme dans certains milieux. Et ce n’est donc pas difficile à comprendre : il faut d’abord avoir un réseau pour l’utiliser, et ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir des personnes influentes ou de bons conseils autour de soi. Notre environnement influence la forme et la force de notre réseau.


Le CV ne suffit pas, les études sont unanimes


Le véritable problème de la discrimination à l’embauche est que le CV ne suffit pas. La Cour des comptes, le Conseil national de l’évaluation scolaire, l’OCDE sont unanimes sur ces sujets. Le rapport de France Stratégie sur « le coût économique des discriminations » paru en 2015 est édifiant : elles coutent à la France 150 milliards d’euros par an, soit 7% de notre richesse national. Une étude parue en 2015, le long et patient travail universitaire et statistique d’une équipe de chercheurs de l’INED et de l’INSEE, passée malheureusement quasiment inaperçue, a prouvé scientifiquement ce dont nous avons tous l’intuition : on embauche moins, beaucoup moins, les enfants d’Algériens, de Tunisiens, de Turcs, de Sénégalais, etc… Les discriminations à l’embauche des enfants d’immigrés font qu’ils ont 3 fois moins de chances, à diplôme égal, de trouver un emploi. Cette étude intitulée « Trajectoires et origines » réfute purement et simplement le repli communautaire de la deuxième génération d’immigrés. Il s’agit de Français, fils de Turcs, de Sénégalais, d’Algériens, de Marocains, de Tunisiens… Ils ont réussi leurs parcours primaire, secondaire, ont fait des études supérieures. Ont cru à la valeur du mérite. Mais le mal est là : même s’ils obtiennent des diplômes, les enfants d’immigrés subissent plus le chômage que la population majoritaire.


Où sont les enfants d’ouvriers dans les comex ?


On dit souvent qu’on se fait une idée sur les personnes en moins d’une fraction de seconde, par un simple regard. Les préjugés sont humains. Tout comme les employeurs. Donc il n’échappe pas à la règle. Tout le monde peut être affecté d’une manière ou d’une autre pour des raisons exécrables mais qui ont malheureusement cours : genre, couleur de peau, poids, apparence physique, âge… sont des critères de mise à l’écart tout au long de la vie. La représentation de soi et la confiance en soi sont très impacts à l’école. Quand la qualité de l’enseignement est affectée par la concentration spatiale de problèmes sociaux, comme les REP et REP+, on voit bien, dès la primaire et le collège, que les élèves ont plus de chance de décrocher. Déjà en 2016, les conclusions du rapport du Conseil national d'évaluation du système scolaire n’hésitait pas à parler de « discriminations négatives » à l’encontre des enfants d’immigrés. Au fil du temps, la « diversité » disparaît : il n’y a qu’à voir la composition des comité exécutifs où les tables rondes où se rassemblent les dirigeants des entreprises du CAC40 pour constater qu’une partie de la France n’est pas représentée. les enfants d’immigrés pourtant français dans les promotions de grandes écoles ? Les fils d’agriculteurs dans les conseils d’administration. Une part de la réponse est donnée par un chiffre : seulement 5% des fils d’ouvriers poursuivent des études supérieures…


Passer entre les gouttes


Je suis passé personnellement entre les gouttes. J’ai fait la Sorbonne, Sciences Po Paris, je suis mobile... Même si personne n’est jamais à l’abri. Un jour, Rachid Arhab m’a dit : « Il y a aussi peu d’enfants d’immigrés à la télé que d’enfants d’agriculteurs ». Je trouve que c’est une formule de génie. Qui résume assez bien ce mal français qui ronge nos villes et nos campagnes. On peut faire face aux discriminations individuellement. Tout dépend de la force morale de chacun. La première chose à faire c’est d’en parler. Ensuite c’est de ne jamais baisser la tête, de persévérer, dans ses études et dans la recherche du bon job qui nous rendra épanoui et utile. Le problème est plutôt collectif. Au-delà des exemples anecdotiques et des récits cosmétiques pour vanter le « mérite », la réalité c’est que 25 % des collégiens issus des zones urbaines sensibles s’orientent vers une filière générale en classe de Première. Nous sommes en plein dans un modèle de « reproduction sociale. »


La responsabilité des employeurs


La formation des recruteurs, les séminaires internes, la signature de chartes visibles au quotidien sont des bons moyens de mobiliser les employeurs. Tout ce qui pourra permettre aux entreprises – et aux administrations qu’on oublie souvent – d’avoir une perception collective positive de la diversité doit être saisi. Il ne faut pas dédouaner les grandes écoles et les médias qui par leur position doivent prendre des initiatives pour mettre en place des baromètres et corriger les biais. Enfin, des structures comme le Club 21e Siècle qui a publié un manifeste sur ces sujets sont en première ligne pour témoigner des talents de la diversité chez nos élites.


Sources :



Retrouvez les publications de Karim Bouhassoun dans ses ouvrages disponibles en ligne

 
 
 

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