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A-t-on vraiment besoin d'un État ?

Grande question qui a animé la réflexion des philosophes politiques et des anthropologues que celle de la relation entre État et Liberté.


Pas de société sans État


A première vue, pas de sécurité sans État. On a besoin d’une police, d’une justice, d’une « sécurité sociale » collective pour les modèles les plus aboutis, d’une administration, de frontières, etc…


D’un autre côté, on pense communément que sans État, il n’y a pas d’organisation sociale possible. Les philosophes allemands du 19e siècle nous diraient que c’est une vue de l’esprit : les humains se font des idées et les tiennent pour vrais. Ils érigent leurs expériences en principes. Par conséquent, faut-il se méfier de l’idée de l’impossibilité d’une société sans État ?

Regardons du côté de l’anthropologue et ethnologue français Pierre Clastres. Selon l’auteur du « Détour », les sociétés premières ont longtemps été caractérisées par le manque : manque d’histoire, manque d’écriture, manque d’État… Néanmoins, si ces sociétés n’ont pas d’État, elles n’en sont pas moins pleinement politiques : la forme socioculturelle d’organisation du pouvoir s’exprime à travers des canaux qui ne sont pas ceux des institutions modernes des pays développés. Enfin, il formule l’hypothèse que ces sociétés se dressent quelquefois sciemment contre l’apparition de l’État…

 

Mais l’État peut prendre plusieurs formes


La notion évolutionniste qui voudrait que l’État organisé soit la finalité de toute société est vivement critiquable. Car la connaissance de la notion de pouvoir est innée dans toute société, d’où cette tendance naturelle de l'homme à préserver son autonomie vis à vis de celui-ci. Pour le dire simplement : « je sais qu’il faut un pouvoir, mais je suis jaloux de ma liberté. »

 

L’État est toujours et partout, à sa manière. Les sociétés sont donc perçues comme étant des structures faites d'un réseau de normes complexes qui empêchent activement l'expansion d'un pouvoir despotique et autoritaire :  « Comme sociétés complètes, achevées, adultes et non plus comme embryons infra-politiques, les sociétés primitives n’ont pas d’État parce qu’elles le refusent, parce qu’elles refusent la division du corps social en dominants et dominés. La politique des Sauvages, c’est bien en effet de faire sans cesse obstacle à l’apparition d’un organe séparé du pouvoir » nous dit Pierre Clastres dans ses Recherches d’anthropologie politique. Les sociétés « primitives » refusent la différenciation économique et politique en interdisant le surplus matériel et l'inégalité sociale : « L’histoire des peuples sans histoire, c'est [...] l’histoire de leur lutte contre l'État. » surenchérit l’anthropologue dans La société contre l’État.

 




En conclusion, État ou non, nous ne pouvons pas échapper à une organisation du pouvoir. Mais ce qui est certain, le cliché qu’il faut briser, c’est que la complexité de l’État reflète un niveau d’évolution supérieur aux sociétés sans État. De cette vision de l’esprit, il faut se méfier, car rien n’est moins vrai.



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